Lieux artistiques d’initiative civile, un mode spécifique d’entreprendre en commun

La dernière étude de Philippe Henry fait la monographie de huit lieux intermédiaires. Elle vise à mettre en lumière le mode spécifique de leurs agencements entrepreneuriaux. On y retrouve Pola, Bouillon Cube, Lacaze aux sottises, Derrière le Hublot, les Ateliers du Vent, le 108, Pol-n et la Chambre d’eau.

Dans une précédente étude, Philippe Henry, socio-économiste de la culture, avait passé au tamis de son regard acéré deux cent des lieux signataires de la charte de la CNLII, afin de vérifier qu’il existait bien quelque chose comme une identité collective des Lieux Intermédiaires et Indépendants, dans un moment où le référentiel « tiers-lieux » se révélait flou et montrait ses limites. Révélant « la prégnance de l’enjeu artistique et de la question esthétique qui lui est sous-jacente, aussi bien que (de) la question des relations avec les populations du territoire de proximité », cette étude avait permis de dégager une caractérisation de ces lieux, sédimentée dans une histoire, et articulée à des enjeux esthétiques sur lesquelles, concluait-elle, il faudrait revenir. Rigoureux, ce premier travail était néanmoins cantonnée, par le grand nombre de cas auquel il s’intéressait, à une analyse à grands traits. En voici le pendant : une étude cette fois-ci consacrée à huit lieux (on n’ose écrire seulement), qui permet d’en produire une analyse circonstanciée.

« Le corpus de travail est constitué de huit cas associatifs, situés pour moitié en environnement rural et pour l’autre en contexte urbain. L’étude explore quatre grandes composantes de leur agencement entrepreneurial : la primauté du projet global, dans lequel la dimension artistique est fortement structurante et qui comporte une attention constante au territoire d’implantation, aux personnes qui y vivent et aux organisations qui y agissent ; la pluralité tant simultanée que successive d’activités et de projets, dont la coordination est sans cesse à réinventer ; la dynamique décisionnelle et la gouvernance pour partie distribuées entre plusieurs instances, mobilisant acteurs bénévoles et salariés ; le modèle économique pluriel et à plusieurs versants, dont la précarité structurelle compromet l’objectif de pérennisation et de développement du projet global.
Au final, il en ressort pour chaque lieu un mode de fonctionnement sous forme de communauté entreprenante singulière et une participation militante à un mode de développement économique relevant aussi bien de l’économie sociale et solidaire que de la résurgence contemporaine des communs. »
Philippe Henry est chercheur en socio-économie de la culture, Maître de conférences HDR, retraité de l’Université Paris 8 – Saint-Denis.
Lien vers l’étude pour téléchargement : https://hal.science/hal-04877319
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